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LA REGULATION DES MEDIAS A L’ERE DU NUMERIQUE, AU CŒUR D’UNE CONFERENCE INTERNATIONALE, A RABAT, AU MAROC

  Après les diverses allocutions de la session d’ouverture, les éléments de cadrage de la "Transformation digitale de la communication et nouveaux enjeux de la régulation" ont été présentés par Madame Latifa  AKHARBACH, Présidente de la Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle  (HACA) du Maroc.
 
   Répartis en quatre panels, les travaux de la première journée se présentent comme suit :
 
 Panel 1 : "Besoins d’une régulation rénovée dans un environnement numérisé et globalisé"
 
Le panel a été présidé par Monsieur Ibrahim SY SAVANE, Président de la Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle de la Côte d’Ivoire. Plusieurs interventions ont été enregistrées. Il en ressort que bien que les terminaux traditionnels occupent encore une place importante au sein des foyers, les usagers n’ont pas cessé de se diversifier. De nos jours, on assiste à une triple révolution technologique, comportementale et économique ; ce qui implique une réorganisation de la chaîne des valeurs du secteur audiovisuel. Les acteurs traditionnels ont été progressivement dépossédés de l’exclusivité de leur fonction d’intermédiaire dans l’accès aux contenus. Toute chose qui a favorisé l’apparition de nouvelles possibilités de création et de captation de valeurs. De ce point de vue, la régulation doit revoir ses méthodes et outils pour s’adapter à la nouvelle donne.
 
   En effet, la variété des acteurs entrant désormais dans le champ de la régulation audiovisuelle rend caduque les outils d’une régulation universelle et univoque. La régulation doit évoluer de manière à appréhender la complexité d’un secteur mondialisé tout en protégeant nos valeurs et acquis sociétaux qui demeurent toujours d’actualité à savoir, la dignité humaine, la liberté d’expression et le pluralisme culturel.
 
   En termes d’approche, plusieurs pistes sont à explorer. Par exemple :
 
- les pouvoirs publics et les régulateurs doivent favoriser le recours à des logiques incitatives et à un décloisonnement des politiques publiques de manière à permettre le recours à plusieurs leviers d’actions relevant de la règlementation, des mécanismes de la fiscalité, du droit d’auteurs ou de la chronologie des médias ;
 
- le régulateur doit se situer au centre d’un dispositif de régulation au champ élargi de manière à pouvoir agir sur l’ensemble des acteurs du  secteur et recourir à un large panel d’outils ; 
 
élargir le champ de la régulation pour prendre en compte l’intégralité des acteurs et les nouveaux enjeux soulevés par la transformation numérique du secteur ; moderniser et assouplir le cadre de règlementation et renforcer les actions d’accompagnement ; réinventer de nouveaux outils de régulation ; penser à la diversification et à l’extension du périmètre des acteurs régulés ; ce qui implique un changement dans les méthodes de régulation.
 
Panel 2 : "Médias classiques – nouveaux médias, dynamique de la concurrence et contraintes de la régulation"
 
Ce panel deuxième a été présidé par Monsieur Fodié TOURE, Président de Haute Autorité de la Communication du Mali. Il convient de retenir des différentes interventions que les bouleversements des modes de communication induits par la multiplication des écrans et l’offre prolifique de contenus entrainent un glissement des valeurs au plan sociétal et une fragmentation culturelle. La question de l’adaptation des modalités de la régulation dans un contexte de cohabitation entre les médias nationaux et les acteurs globaux de la communication a été largement abordée. Pour changer la donne, sur le plan de la régulation, il convient d’agir au moyen des chantiers prioritaires que sont le respect de la dignité humaine, l’éducation aux médias et la protection du consommateur. Dans un autre sens, il faut envisager de créer un espace de discussion pour préserver les cultures et les identités culturelles, penser à développer de nouvelles approches internationales en phase avec l’universalité d’accès aux médias, développer des pistes de réflexion sur la question intergénérationnelle et sensibiliser les jeunes à l’utilisation et à la consommation des médias.
 
   Les standards professionnels des médias classiques ne sont pas épargnés par cette révolution des usages des contenus et des supports. A ce niveau, les médias traditionnels doivent faire appel aux jeunes dans leurs recrutements en adaptant l’offre à  la recherche de la complémentarité et la valeur ajoutée que peuvent apporter les médias traditionnels.
   
Panel 3 : "L’autorégulation et la co-régulation, avenir de la régulation ?"
 
Il ressort de ce panel que la co-régulation fait l’objet de consensus relativement à la protection des individus et des valeurs fondamentales mais elle ne peut pas se substituer à la régulation classique. Elle peut servir de moyen pour impliquer les différents acteurs de la chaîne médiatique dans la consolidation de la régulation. D’autres questions d’importance relatives à l’avenir de la régulation ont été abordées. Elles ont trait pour l’essentiel aux compléments à apporter aux programmes d’éducation aux médias et à la communication pour promouvoir la pensée et la compréhension critiques du public vis-à-vis des contenus médiatiques et aux outils d’autorégulation mis en place par les plates-formes numériques globales et les réseaux sociaux.
 
 Quelques enjeux sont à retenir :
 
- Comment renforcer la viabilité économique des médias traditionnels ?
- Comment alléger la pression économique sur les acteurs locaux ?
- Comment éviter la dérèglementation tout en privilégiant les mécanismes de co-régulation et d’autorégulation ?
- la question de la préservation de la mission de service public audiovisuel.
   
Panel 4 : "La régulation des médias à l’épreuve des aspirations citoyennes"
   
Le dernier panel a été présidé par Monsieur Babacar DIAGNE, Président du Conseil National de la Régulation de l’Audiovisuel du Sénégal. Il a été rappelé au cours de ce panel que la concurrence des "Over The Top" (OTT) affaiblit les ressources des radios traditionnelles et que la faiblesse des ressources humaines et la publicité régionale encore peu  dynamique affaiblissent davantage la radio de proximité.
   
Quelques attentes ont été exprimées :
 
- les besoins de la gratuité et la réduction du coût de la fréquence ne doivent pas oublier les missions principales, à savoir informer, éduquer, distraire et permettre aux citoyens de jouer un rôle actif ;
- l’enjeu pour les médias classiques à travailler sur la transparence, l’indépendance et la qualité pour garder tout leur crédit ;
- l’atteinte de l’équilibre règlementaire implique à l’octroi de licence qui équilibre une répartition des fréquences entre les médias publics, privés, communautaires et les télécommunications.
   
La dernière session s’est déroulée, le vendredi 31 janvier 2020. Elle a été réservée aux instances membres du RIARC. Elle a porté sur la question suivante : "Quelles réponses africaines aux défis de la transformation numérique des médias : problématiques économiques et atteintes des citoyens ?".  Elle a été ouverte par Monsieur Peter ESSOKA, Président du Conseil National de la Communication du Cameroun, Président en exercice du RIARC. La modération des débats a été assurée par Monsieur Rémi Prosper MORETTI, Président de la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication du Bénin, Secrétaire Exécutif du RIARC. Tour à tour, les Présidents et chefs de délégation d’instances membres du RIARC sont intervenus pour analyser les problématiques y afférentes et faire des propositions de pistes d’actions et de réflexion.

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