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Le séminaire thématique de la 11ème Conférence des Instances de Régulation de la Communication d'Afrique (CIRCAF) axé sur le thème principal : « La régulation de l’Intelligence Artificielle dans le secteur de la communication audiovisuelle et numérique en Afrique a connu la participation de vingt-sept (27) délégations venues des instances membres du RIARC et des grandes plateformes numériques. Les travaux ont pris fin par l’adoption de deux (02) actes majeurs.

 

Répartis en quatre (04) sessions, la première session a porté sur les « Enjeux de la régulation de l’Intelligence Artificielle (IA) dans le secteur de la communication audiovisuelle et numérique en Afrique ». Elle a fait l’objet de trois (03) panels. D’abord, la communication inaugurale en lien avec le thème de la session a été développée par le Professeur Lazare POAME, Président honoraire de l’Université Alassane OUATTARA de Bouaké (Côte-d’Ivoire), Titulaire de Chaire UNESCO Bioéthique-Bouaké. Le communicateur a exposé une idée générale sur l’Intelligence Artificielle (IA) en mettant l’accent sur ses enjeux épistémiques, éthico-culturels. S’agissant des enjeux de la régulation de l’IA dans le secteur de la communication audiovisuelle et numérique, il y a lieu de retenir qu’ils ne sont à confondre avec les enjeux totalisants de l’IA. Il s’agit donc des enjeux bien délimités qui invitent à polariser la réflexion sur la régulation. On peut noter les enjeux technologiques, sécuritaires, politico-stratégiques, juridiques, sanitaires et économiques. Parlant des défis et perspectives sur le sujet, le Professeur POAME a relevé que les perspectives de la régulation de l’IA en Afrique ne doivent pas osciller entre malum et bonum. Leur caractéristique essentielle est la complexité qui ne peut être démêlée que par trois actions majeures de clairvoyance rationnelle. Le panel suivant sur les défis liés au développement de l’IA dans la communication audiovisuelle et numérique a connu l’intervention de l’ARCOM sur la régulation de l’IA en Europe. Le dernier panel a été l’occasion d’un regard croisé des régulateurs et des plateformes numériques sur l’utilisation de l’IA dans le secteur de la communication audiovisuelle et numérique.

 

La deuxième session axée sur « La régulation de l’Intelligence Artificielle en Afrique : Pistes d’évolution et expériences en cours a été l’occasion pour le Professuer Konan KOUAKOU, Directeur de l’UFR des Sciences Economiques et de Gestion de l’Université Jean Lorougnon GUEDE de Daloa (Côte-d’Ivoire) de partager l’expérience de son pays.

 

La troisième session a été consacrée à l’esquisse d’un cadre règlementaire sur la régulation de l’Intelligence Artificielle. Ce qui a permis l’adoption du document intitulé : PRINCIPES DU RESEAU DES INSTANCES AFRICAINES DE REGULATION DE LA COMMUNICATION (RIARC) EN VUE D’UN CADRE REGLEMENTAIRE POUR LA REGULATION DE L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE (IA) DANS LE SECTEUR DE LA COMMUNICATION AUDIOVISUELLE ET NUMERIQUE EN AFRIQUE

 

La quatrième session a été consacrée aux recommandations pour une contribution des régulateurs africains à la régulation de l’Intelligence Artificielle. Ce qui a permis l’adoption de la DECLARATION DU RIARC SUR LA REGULATION DE L’INTELLIGENCE ARTIFICIELL (IA) DANS LE SECTEUR DE LA COMMUNICATION AUDIOVISUELLE ET NUMERIQUE EN AFRIQUE

 

 Les institutions membres du RIARC Réaffirment leur engagement en matière de protection des droits fondamentaux, en particulier la liberté d’expression, le droit à bénéficier d’une information fiable et de qualité, à être protégé des contenus haineux et des discriminations sous toutes leurs formes ;

 

A - S’engagent à :

  1. Créer un cadre légal de régulation de l’IA adapté en vue de promouvoir l’innovation, de protéger les données personnelles, les droits des utilisateurs et des créateurs de contenus audiovisuels et d’assurer le respect des principes éthiques ainsi que la transparence dans l’utilisation des systèmes d’Intelligence Artificielle ;
  2. Trouver un équilibre entre la protection des citoyens (contre notamment la désinformation, la discrimination, la surveillance et les violations de données personnelles) et la créativité dans la production de contenus audiovisuels ;
  3. Développer des mécanismes efficaces pour la modération des contenus générés par l’IA, en garantissant l’équilibre entre la liberté d’expression et la lutte contre la désinformation, les discours haineux et les contenus nuisibles ;
  4. Sensibiliser les créateurs de contenus, les diffuseurs et les citoyens aux enjeux de l’IA, à ses implications éthiques et aux risques liés à son usage ;
  5. Mettre en place des outils pour vérifier et auditer les systèmes d’IA, afin d’éviter les biais algorithmiques et les manipulations ;
  6. Exiger des plateformes numériques, l’utilisation de systèmes de modération automatisée alimentés par l’IA, mais aussi des mécanismes humains pour intervenir dans les cas complexes. Ces systèmes doivent être capables de détecter et de bloquer rapidement la désinformation, les contenus haineux, et les incitations à la violence ;
  7. S'assurer que les technologies d’IA respectent et valorisent les diversités culturelles et linguistiques de l’Afrique, en évitant les stéréotypes et les biais culturels qui pourraient nuire à l'image des différentes communautés ;
  8. Sensibiliser les populations sur les bénéfices et les risques associés à l'IA et les encourager à adopter des comportements responsables en ligne ;
  9. Exiger que les Plateformes numériques publient des informations sur les algorithmes utilisés, y compris leur fonctionnement et leurs données d’entraînement.

 

B - Invitent dans le même élan les très grandes plateformes à :

  1. Développer des technologies d'IA qui respectent les normes éthiques ;
  2. Assumer leur responsabilité pour les contenus générés par l’IA qu’elles hébergent et à indiquer clairement si un contenu a été généré ou modifié par l’IA ;
  3. Assurer une gestion transparente et responsable des données personnelles des utilisateurs, en conformité avec des standards de sécurité élevés ;
  4. Utiliser l'IA pour filtrer des contenus inappropriés ou illicites (discours de haine, désinformation, etc.) ;
  5. Œuvrer à la création de « standards éthiques » dans le développement et l’utilisation de l’IA dans le domaine de la communication audiovisuelle, afin de garantir qu’elle ne soit pas utilisée de manière abusive.

 

C - Invitent les Etats à :

  1. Encourager l’adoption de Directives dans les organisations sous régionales en s’inspirant des Principes du RIARC en vue d’un cadre règlementaire sur la régulation de l’IA adoptée par les membres du RIARC ;
  2. Investir dans des infrastructures numériques modernes et à améliorer l'accès à l'éducation et à la formation dans les domaines éthico-techniques de l'IA et des technologies émergentes. Cela inclut des programmes de formation dans les écoles, universités et centres de recherche pour préparer les jeunes générations à la transition numérique.